Le salon de l’Académie était comble pour la séance de mercredi dernier.
Dans la première communication, Hervé de Lacotte traite de « L’Ordre de Malte : près de mille ans et toujours aussi moderne ». L’Ordre hospitalier de Saint Jean Baptiste de Jérusalem apparait en 1048. Il soigne tous les malades, sans distinction de religion. Après la prise de Jérusalem, puis celle de Saint Jean d’Acre par Saladin, il se fixe à Chypre. Devant l’avancée des Ottomans, il s’établit à Rhodes et devient un Ordre souverain et maritime avec l’appui du Pape et de Byzance.
En 1523, Soliman le magnifique prends Rhodes et en 1530 Charles Quint lui donne Malte d’où son nom actuel. Il participe à la bataille de Lépante et crée des hôpitaux qui seront à la pointe de la médecine de l’époque. Malte est prise par Napoléon Bonaparte en 1798 et après quelques errances, il s’installe à Rome où il siège encore aujourd’hui.
L’Ordre de Malte est souverain, religieux et apolitique. Il bénéficie de l’extraterritorialité, a 149 ambassades, comprend 13 500 membres et environ 95 000 volontaires. Sa vocation de bienfaisance et sa neutralité lui permet d’intervenir un peu partout dans le monde en accord avec les Gouvernements locaux.
Le général Bernard Ratel aborde ensuite un tout autre domaine : « Commander une opération militaire : une histoire toujours compliquée ». La victoire de la Prusse en 1870 tient à la bonne relation entre le politique et le militaire, à l’organisation remarquable de son état-major, à une stratégie claire et une mise en œuvre décentralisée.
Dans le débarquement de Normandie de 1944, Eisenhower pilote directement trois armées. Du côté allemand, le commandement est partagé et Hitler n’engage pas les chars qui auraient pu inverser le résultat de la bataille.
L’OTAN aujourd’hui ambitionne de passer de 40 000 à 300 000 hommes. Son état-major est multi pays et inter armée. Il comprend de nombreuses spécialités comme des centres cyber et des forces spéciales, des conseillers, des cellules nationales. Suite au conflit ukrainien elle organise sur trois mois des exercices multinationaux de haute intensité. Du côté français, la dernière intervention lourde a été organisée et commandée de Djibouti pour évacuer plus de 1 000 personnes du Soudan. Enfin, si l’IA peut aider les évolutions du commandement militaire, la guerre en Ukraine a aussi révélé les fragilités des communications sujettes au risque d’écoutes pirates.
Le général Ratel
Hervé de Lacotte
De gauche à droite le général Ratel, le président Geneletti et Hervé de Lacotte
Vue partielle de l'assistance
Photos : EJY Sardella