Vue de l'assistance
Laurent Mayet, conseiller de l’Ambassadeur des pôles et Président-fondateur de l’Association « Le cercle polaire », était reçu mercredi dernier à l’Académie pour une conférence intitulée « L’Antarctique, terre de paix et de sciences. Oui, mais jusqu’à quand ? ».
Il rappelle tout d’abord la découverte du pôle Sud par Dumont d’Urville qui y plante en 1840 le drapeau français et crée la terre Adélie. Cette dernière verra la création de deux implantations françaises en 1947.
Six autres pays s’y implantent également. Un traité scientifique poussé par le président Eisenhower est signé en 1959. Il promeut cette coopération entre savants et chercheurs et confirme la démilitarisation du continent avec interdiction de toute installation nucléaire, qu’elle soit militaire ou civile. Puis une convention scientifique à l’initiative de la France et de l’Australie voit le jour avec 56 pays impliqués. Elle impose une neutralisation de l’Antarctique et confirme que l’on ne pourra procéder qu’à des investigations scientifiques. Les revendications territoriales des États ne sont ni reconnues, ni remises en cause, les USA et l’URSS se réservant le droit d’en revendiquer une partie ! On en est resté là à ce jour, les diplomates évitant d’aborder depuis les sujets de désaccord !
Les ressources minérales très nombreuses du continent sont toujours interdites d’exploitation et toute exploration doit être scientifique. Mais l’équilibre est précaire. On assiste à une inflation du nombre de bases, environ 80 à ce jour. La Chine en crée par exemple une cinquième sur un territoire revendiqué par l’Australie et on la soupçonne d’installer des système de surveillance des communications satellitaires. La croissance du tourisme austral menace aussi de déséquilibrer la faune et la flore et d’apporter de la pollution avec un nombre de bateaux de croisière en forte croissance. Enfin, certaines nations, non tenues par le traité, pourraient remettre en cause le moratoire minier, voire implanter du matériel militaire en l’absence de force de régulation.
En conclusion, le conférencier souligne le rôle capital de la diplomatie et la grande vigilance qui doit être la nôtre pour maintenir cet équilibre précaire.
Laurent Mayet et le président Géneletti
Photos : EJY Sardella