M. Michel Fattal
Le vendredi 13 octobre, en la salle des délibérations du Conseil départemental, l’Académie de Savoie a reçu M. Michel Fattal, en qualité de membre titulaire. Celui-ci a consacré son discours de réception à "La mort de Socrate ou le Phédon de Platon chez Lamartine". La réponse lui a été donnée par M. Jean-Olivier Viout, président honoraire de l'Académie.
Les textes du discours de réception et de sa réponse sont en ligne dans l'onglet "Discours et communications" en suivant ce lien.
Il avait choisi pour son intervention « La mort de Socrate ou le Phédon de Platon chez Lamartine ». En 1823, le poète a en effet dédié un poème de 20 pages à la mort de Socrate en s’inspirant du Phédon de Platon. Au travers de l’histoire, on retrouve « manifestement les préoccupations existentielles et philosophiques du poète abordant de plain pieds le thème crucial de la mort, de l’existence de l’âme et de son immortalité. » Pour les philosophes grecs, l’âme permet de définir l’homme et représente l’intériorité qui se définit par la pensée, faculté la plus élevée de l’homme.
Mais le reproche majeur fait à Lamartine par certains critiques, est sa lecture chrétienne du Phédon, la Vérité étant dans Dieu plutôt que dans le Bien, l’Élysée devenant le Ciel chrétien.
Estimant ces critiques injustes, l’orateur estime que Lamartine, en tant que poète, a le droit de s’en échapper et de repenser à sa façon le problème de la mort. Le poème qui chante est lyrique, épique, et exemplaire. Il « relève du genre de la fiction, de l’imagination et de l’invention » et soulève des questions existentielles que Socrate avait mises en évidence pendant sa vie et au travers de sa mort.
Dans sa réponse, Jean-Olivier Viout entreprend de retracer l’histoire de Socrate, et souligne la défense du poème par le nouveau confrère en le replaçant dans son époque et son courant littéraire.
Il aborde ensuite le parcours de Michel Fattal, à la fois méritoire et modeste. Libanais né en Égypte, il passe le baccalauréat au lycée français de Beyrouth et poursuit des études de philosophie à l’Université locale. Il décide ensuite de poursuivre ses études en France, sans demander assistance à ses parents. Une thèse à Strasbourg lui ouvre les portes de la Sorbonne et du CNRS, alors qu’il enseigne aussi la philosophie au lycée Jeanne d’Arc de Colombes. Une deuxième thèse sur le Logos dans la philosophie grecque sera soutenue à Nice.
Mais la rencontre avec sa future épouse, Élisabeth, sera déterminante. Professeur à l’Institut des sourds de Metz, sa mutation à l’Institut de Cognin va inciter la famille à s’installer à Chambéry. L’amour pour la Savoie sera immédiat et Michel Fattal prendra un poste d’enseignement de philosophie ancienne et médiévale à l’Université de Grenoble. Et c’est ainsi qu’on peut le voir au petit matin dans un café de la gare de Chambéry conversant avec les patrons et les travailleurs et rédigeant ses ouvrages ou ses conférences avant de prendre le train de Grenoble. Mais le professeur de philosophie suit aussi l’adage « Mens sana in corpore sano ». Féru de natation et ancien maître-nageur, on peut le voir « fendre l’eau de nos lacs ou arpenter en famille les collines et vallons de la cluse de Chambéry ».
Auteur de nombreuses publications, membre de nombreux comités scientifiques, l’Académie accueille avec chaleur son nouveau membre.
Photos : EJY Sardella