Mme Corinne Townley
Ce vendredi 18 octobre, l’Académie de Savoie recevait Corinne Townley comme membre titulaire à l’Hôtel de ville de Chambéry. La salle était pleine.
Après avoir égrené quelques souvenirs de ses années d’élue municipale, sa découverte des Conseils municipaux et des élus, et aussi la rénovation du centre ancien dont elle s’est occupée, Corinne Townley aborde la vie de Chambéry dans la première moitié du XVIIe siècle. Chambéry vient de perdre son titre de capitale au profit de Turin et va connaitre deux occupations françaises, sous Henri IV et Louis XIII, deux passages de la peste et des épisodes de froid et de pluie qui créeront des disettes. La ville est entourée de remparts qui comprennent 17 tours et 3 portes fortifiées. Elle a trois paroisses, Lémenc, Saint-Pierre sous château et Saint Léger qui accueille les réunions du Conseil de ville. L’Église est omniprésente avec 9 couvents et les Jésuites qui dirigent le Collège. On compte entre 4 à 6 000 habitants avant la peste avec plus de 100 familles nobles et une bourgeoisie importante qui a un statut juridique qui l’exonère de la taille et la fait participer à la vie municipale. Il y a enfin « des gens de peu », petit peuple des faubourgs qui peut passer d’une petite aisance à la misère. Chacun des 7 quartiers a son drapeau et sa milice urbaine. Le soir, on rentre chez soi et les portes sont fermées. Une auto surveillance militaire et religieuse maintient la cohésion de la population, l’Église faisant la chasse aux mauvaises mœurs.
La Leysse est large et comporte plusieurs bras. Les inondations sont fréquentes et on construit et entretient une « grande muraille » qui coûte cher et donne lieu au seul impôt universel. Les aléas climatiques et les guerres provoquent un afflux de mendiants qui sont secourus par « les gens de bien ». Les exactions des troupes qui traversent la Savoie sont fréquentes et les soldats sont logés gratuitement chez l’habitant, principalement dans les faubourgs. L’Hôtel de ville avec son beffroi sera créé en 1620 et la Charité en 1656.
Dans sa réponse, Jean-Amédée Lathoud caractérise Corinne Townley comme « une chambérienne en mouvement » : mère de famille nombreuse, titulaire d’un DEA d’histoire à Paris VII puis à Lyon II, engagement en politique pendant trois mandats à la Mairie de Chambéry. Chargée de mission aux Archives départementales, Corinne Townley s’est consacrée au fonds de la Chambre des comptes en inventoriant plus de 7 000 cotes et rédigeant plus de 13 500 notices. Elle réorganise aussi le fonds des 53 000 procédures criminelles et civiles du Sénat. Il rappelle ensuite les nombreux ouvrages de Corinne Townley comme « Chambéry et les chambériens 1660-1792 » en 1999 et le « Dictionnaire des magistrats du Sénat et de la Chambre des comptes 1559-1848 » publié avec Laurent Perrillat en 2019. Il salue « le tableau érudit et vivant » présenté aujourd’hui et conclut en citant Marc Bloch qui voyait dans l’histoire une passion pour « le frémissement de la vie humaine ».
Jean-Amédée Lathoud
De gauche à droite Jean-Amédée Lathoud, Corinne Townley et le président Geneletti.
Photos : EJY Sardella