Cyrille Valet et Jean Luquet
La séance du mercredi 16 octobre de l’Académie de Savoie a été consacrée à la gouvernance du Rhône et à l’histoire de Haïti.
Le premier intervenant, Cyrille Valet, ingénieur de l’eau, prépare une thèse à l’Université de Genève. Il introduit la notion de « droits de la nature » qui commence à poindre vers 1975 à la suite d’interrogations sur, par exemple, l’avis des arbres quand on les abat pour créer une station de ski, ou sur le droit d’une rivière à ne pas être polluée. Dans certains pays comme la Nouvelle Zélande, l’Australie et l’Espagne où la relation avec la nature est presque mystique, on a donné une personnalité juridique à des cours d’eau, ce qui leur permet d’aller en justice.
L’orateur en vient ensuite à la problématique du Rhône qui est multi-usages et a donné lieu à un aménagement productiviste. Il est géré par de nombreuses entités étatiques et fait l’objet de l’attention de nombreuses associations. Personne à ce jour n’a de vision claire sur sa gestion. Pour gérer les rapports entre ces associations militantes et les institutions et pour recréer un lien fort avec la nature, une reprise en main démocratique et politique est souhaitable, probablement dans un cadre juridique nouveau.
Jean Luquet, archiviste honoraire du Département, a participé au soutien de la ville haïtienne de Dessalines dans le cadre de l’action départementale « Pays de Savoie solidaire ». Il rappelle l’histoire d’Haïti, centre de piraterie que la France transformera au XVIIIe siècle en terre de production de sucre, de café et d’indigo par la mise en place d’un esclavage très dur. On dénombrera environ 10 millions de morts en 150 ans. La révolution de Toussaint Louverture en 1791 qui suit la Révolution française, permet l’abolition de l’esclavage. Battu, ce dernier est emprisonné dans le Jura, mais une nouvelle révolte défait les troupes françaises de Rochambeau. L’indépendance est proclamée en 1804 et Jean-Jacques Dessalines devient le Président, puis l’Empereur d’Haïti. Il fonde la ville qui porte son nom. Mais Haïti doit indemniser ses anciens colons, ce qui sera un très lourd fardeau. Aujourd’hui, Haïti est la proie de gangs surarmés, mais on y rencontre malgré tout une jeunesse souriante et éduquée issue de la classe moyenne, ce qui laisse de l’espoir à plus long terme.
Photos : EJY Sardella