18 octobre 2023 - Séance académique
Aéronautique et poésie
Aéronautique et poésie se sont partagées l’ordre du jour de la séance académique d’octobre.
Avec le général de brigade Jérôme Rabier, ancien pilote de chasse et chef d’escadron des Forces aériennes stratégiques, puis directeur jusqu’en 2021 du Bureau Enquêtes accident pour la sécurité aéronautique de l’Etat, furent abordées les missions de cet organisme jouissant d’un statut particulier au regard de l’habituelle hiérarchie militaire.
Non rattaché fonctionnellement à un cabinet ministériel particulier, celui-ci a pour mission d’enquêter sur tout accident ou incident aérien extérieur à l’aviation civile, quelles que soient ses conséquences humaines ou matérielles, afin d’en déterminer les causes et préconiser les mesures propres à prévenir son renouvellement.
Le déroulement de l’enquête conduite en toute indépendance et la publication intégrale de ses résultats sont autant de garants de sa crédibilité. Il faut y adjoindre une éthique de neutralité et une résistance à toute influence extérieure dont doivent être imprégnés les hommes et femmes en charge de telles expertises.
A travers la projection de vidéos saisissantes d’accidents, le général Rabier a fait prendre la mesure de la difficulté des investigations de terrain à conduire dans chaque cas de figure. Il a aussi fait part du souci qu’il a animé de prendre en compte la dimension humaine de la mission de son organisme à travers les liens à tisser avec les familles des victimes. Il convient, en effet, d’instaurer avec elles un climat de confiance indispensable pour leur permettre de tenir pour vraies et sincères les informations qui vont leur être délivrées sur l’origine du décès d’un des leurs. Belle leçons de rigueur technique, d’éthique d’indépendance et d’humanisme de la part d’une institution trop méconnue du grand public.
C’est avec une spontanéité se départissant d’éléments de langage convenus, que le général Rabier s’est largement prêté au jeu des questions-réponses avec l’auditoire.
Avec Marie Claire Bussat-Enevoldsen, membre titulaire de l’ Académie, femme de lettres, auteur d’ouvrages d’histoire et de littérature remarqués, fut brossé le portrait du poète savoyard Jean-Vincent Verdonnet dont on commémore en 2023, le centième anniversaire de la naissance. La conférencière s’attacha à mettre en avant la sensibilité de ce grand maître de la plume dont on a dit qu’il avait aidé la terre à continuer d’être, le langage à ne pas être seulement les gravats des mots dans leurs retombées indifférentes.
Rappelant sa biographie avec finesse et pertinence, énumérant ses recueils poétiques majeurs, elle démontra sans mal combien son parcours de vie fut imprégné par son rapport privilégié avec la nature tant visible qu’invisible.
Pour elle, Verdonnet a appris très vite " à explorer le caché et l’obscur ; à aiguiser son regard qui s’apparentera à celui des oiseaux de haut vol, solaires ou lunaires, tournoyant dans les cieux de Savoie avant de venir hanter ceux d’une œuvre en perpétuelle gestation ".
Robert Sabatier, l’appréhendera quant à lui comme " lié à la terre, ne se contentant pas de la chanter dans ses apparences, mais lui arrachant ses significations secrètes, célébrant l’union du sol et du poème ".

Général de brigade Jérôme Rabier

Pierre Boutry et Marie Claire Bussat-Enevoldsen

Pierre Boutry, Marie Claire Bussat-Enevoldsen, le président Geneletti et le général de brigade Jérôme Rabier