Ce mercredi 15 février en début de séance, Jean-Olivier Viout prononce l’éloge funèbre de Paul Dupraz en présence de son épouse, ses enfants et petits-enfants. Élève de l’École normale supérieure et agrégé, Paul Dupraz s’est consacré à l’enseignement de l’italien. Pédagogue attentionné, bienveillant et respecté de ses élèves, il fut Président de la Dante Alighieri et devint membre effectif de l’Académie de Savoie en 1986. Il en est le Secrétaire perpétuel de 1991 à 1998. Jean-Olivier Viout conclut en rappelant que « Paul Dupraz était un juste, un exemple de droiture, … au service de l’école publique ».
Dans la première communication, Nicolas Sarzeaud, docteur en histoire et attaché d’enseignement à Lyon II, présente « Le Saint Suaire de Chambéry à Turin ». Il rappelle le rachat du Saint Suaire par le duc Louis de Savoie à Marguerite de Charny en 1463. Le Suaire commence à voyager dans les États du Duc avant de se fixer dans la Sainte Chapelle du Château de Chambéry grâce à Marguerite d’Autriche, épouse du duc Philibert. L’auteur souligne le rôle des syndics de Chambéry qui font dépenser de fortes sommes à la ville lors des ostensions. Les images du Saint Suaire, répandues sur un axe qui va des Pays-Bas à Nice et au Piémont, attestent du succès de son culte. On l’utilise également comme une protection contre la peste et comme une relique qui exorcise les protestants. L’histoire se termine en 1578 quant Emmanuel-Philibert le translate définitivement dans sa capitale de Turin.
Dans la deuxième communication, Christian Guilleré, professeur émérite de l’Université de Savoie Mont-Blanc, parle du « nerf de la guerre » sous Amédée V, c’est-à-dire des finances. Pendant 38 ans de règne, ce dernier guerroie contre le Dauphin et les comtes de Genève, d’où de grands besoins d’argent. Nous possédons les registres de comptes depuis 1258, leur organisation étant modernisée en 1315 quand apparaissent des colonnes. Sous l’autorité d’un receveur, l’administration s’installe à Chambéry, mais peut les vérifier sur place. Ils sont rédigés sur parchemin pour environ 1 an ou un peu plus et rédigés en latin. Pour en tirer un bilan, il faut travailler sur les changes des nombreuses monnaies utilisées, lesquels varient dans le temps. Les revenus viennent des domaines, de la justice, des frappes de monnaie, des péages, des emprunts et surtout des communautés juives et lombardes spécialisées dans la finance. Les dépenses couvrent les hôtels du prince et de sa famille, l’administration, les constructions, la diplomatie, les guerres, … Lors de la deuxième partie de son règne, les revenus augmentent fortement, mais restent loin de ceux du Royaume de France ou de villes riches comme Florence.